Aller au contenu

Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
L’ADORATION DES MONTAGNES.

tain n’était pas un mirage trompeur, mais un véritable sommet avec neiges et rochers, qui donc aurait pu douter du voyage qu’avait fait le dieu pour accompagner son peuple ?

C’est ainsi que la montagne, dont la pointe aurait reçu les réfugiés du déluge, n’a cessé de cheminer à travers les continents. Une version samaritaine du Pentateuque prétend que le pic d’Adam est la cime où s’arrêta l’arche de Noé ; les autres versions affirment que l’Ararat est le véritable sommet : mais quel est cet Ararat ? Est-ce celui d’Arménie ou toute autre montagne sur laquelle des pâtres auront trouvé quelques débris du vaisseau sacré ? De toutes parts, les peuples de l’Orient réclament l’honneur pour la montagne protectrice, dont les eaux arrosent leurs propres champs. C’est là le mont d’où la vie est redescendue sur la terre, en suivant le chemin des neiges et le cours des ruisseaux ! Les preuves ne manquaient point d’ailleurs pour établir la vérité de toutes ces traditions. N’avait-on pas trouvé des monceaux de bois pétrifié jusque sous les glaces, et, dans les roches elles-mêmes, n’avait-on pas rencontré