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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/159

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flandre et bourgogne

les sujets, nobles, bourgeois et manants s’empressèrent d’imiter : ce fut une fureur de kermesses débordantes, de processions luxueuses, N° 345. Duché de Bourgogne.
de cortèges et d’ « esbattements » de tous genres ; les tables étaient chargées de viandes pour la multitude rassemblée, toutes les fontaines publiques versaient l’hydromel et le vin. De même que la population romaine s’était vendue aux Césars pour le « pain et les jeux », de même celle des Flandres, oubliant le vieil esprit de l’indépendance communaliste, se livrait à ses maîtres pour la joie des festins[1] ; Bruges ne s’enorgueillissait pas seulement de l’activité de son commerce, de la splendeur de ses produits, elle était surtout très fière de ses glorieuses ripailles, où ses ducs trouvaient le plus sûr moyen de gouvernement. Entre les joies de la table, qu’immortalisèrent plus tard les Teniers et les Jordaens, et celles de l’extase ascétique, qui, par contraste, sévissait alors dans les couvents et les béguinages, il n’y avait point de place

  1. H. Fierens-Gevaert, Psychologie d’une Ville.