Aller au contenu

Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
l’homme et la terre. — mongols, turcs, tartares et chinois

Thrace et, en 1365, installait sa résidence dans Edirneh, l’antique Hadrianopolis, connue en Occident sous le nom d’Andrinople : il fermait ainsi toutes communications directes entre Constantinople et le continent d’Europe : réduit à une simple banlieue, l’empire d’Orient n’avait plus aucune raison d’être, puisqu’il était privé de tout commerce. En même temps, les États slaves de la région des Balkhans, qui avaient si souvent combattu Bysance et qui lui avaient pourtant servi de point d’appui et de défense contre les populations en marche dans la vallée danubienne, ces États perdaient d’un coup leur indépendance au « Champ des Merles» (1389), dans les hautes plaines de la Serbie. Le roi Lazare et la plupart des nobles serbes furent décapités dans la tente du vainqueur. Après avoir atteint, au milieu du siècle, le plus haut degré de puissance politique, puisque, sous Étienne Duchan, la Serbie comprenait d’un côté jusqu’à la Grèce, de l’autre jusqu’à la Bulgarie, cet État disparaissait complètement de l’histoire comme individualité indépendante, pour une durée de plus de cinq siècles. Le champ de bataille de Kossovo est, dans la mémoire de tous les Yougo-Slaves, le lieu fatal où s’accomplit l’irrémédiable désastre.

Après celle victoire, qui donnait à Murad Ier la prééminence absolue dans la péninsule des Balkhans et lui assurait le tribut ainsi que le service militaire des chrétiens assujettis, il ne lui restait plus qu’à mettre le siège devant les murs de Constantinople. Le danger était si pressant qu’une nouvelle croisade s’organisa sous la direction du roi Sigismond de Hongrie ; mais depuis longtemps les nations de l’Occident avaient laissé Constantinople à son destin, et les seuls chrétiens de l’Orient d’Europe étaient insuffisants à refouler l’invasion mahométane. Débarqués à Nikopoli sur le Danube, les Hongrois furent complètement battus en 1393, et la ville du détroit se trouvait à la merci des Turcs, lorsque Tamerlan vint faire diversion. La ville menacée put vraiment espérer qu’elle était intangible. Murad rassembla toutes ses forces pour résister aux Mongols, mais il fut battu dans les plaines d’Angora (Ancyre) par les Barbares (1402), et mourut en prison.

Il fallut de longues années pour restaurer l’empire turc et lui rendre sa force d’attaque : c’est en 1422 seulement que Murad II put faire de nouveaux préparatifs d’assaut, mais sans y donner suite, les Albanais du Pinde, les Serbes et les Hongrois du Danube se débattant avec énergie contre l’oppression mahométane sur les frontières occiden-