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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/371

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la réforme en allemagne

par leur dogme, se sont évadées du christianisme ; c’est là qu’eut lieu le gros de la bataille, au point de vue de la polémique aussi bien qu’au point de vue de matériel la quantité de sang versé : nulle part le conflit ne devait amener de plus grands désastres. Mais, dans les commencements de la Réforme, dont l’importance politique n’était pas encore prévue, puisque le pape Léon X, un païen de la
Cl. J. Kuhn, édit.
luther
Renaissance, y voyait seulement une « querelle de moines », la séparation des cultes se fit sans autre fracas que celui de paroles entrechoquées. Sans doute, Charles Quint, le petit fils des souverains très catholiques, Ferdinand et Isabelle, aurait bien volontiers écrasé dans l’œuf le monde naissant du schisme, mais, ainsi que François Ier, il lui fallut, bien à contre-cœur, se plier aux circonstances : tout empereur qu’il fut, il ne l’était que par la grâce de puissants électeurs, et le grand art consistait à savamment les opposer les uns aux autres pour gagner du temps et consolider son pouvoir.

L’électeur de Saxe, Frédéric le Sage, le personnage même auquel Charles devait la couronne impériale, était aussi le protecteur de Luther, et lorsque celui ci, mandé devant la diète de Worms, se leva en face même de l’Empereur, il était accompagné de cent chevaliers armés. La force contre la force ! Telle fut la raison qui permit à Luther d’échapper au sort de Jean Huss, mais, si bouillant et si audacieux que fût le moine