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la piraterie en méditerranée

déplacement relatif de l’activité humaine : en se portant vers l’Ouest, la vie des nations avait abandonné son ancien foyer, elle ne gravitait plus autour de Rome, mais autour de Londres et d’Amsterdam pour le commerce mondial, de Paris pour le travail de la pensée et des arts.

Cl. Kuhn.édit.

alger, vu du nord-est

La jetée rattachant l’îlot de la Marine au littoral, et protégeant le port contre le vent du Nord, fut construite, dès 1530, par Kheïr-el-Din, l’un des frères Barbarossa (Bab’Aroudj). L’îlot porte un phare et des travaux de défense.

Un indice frappant du recul dans la civilisation de la Méditerranée occidentale se voit dans le fait que la piraterie put s’y maintenir pendant trois siècles, depuis l’arrivée des frères Barbarossa en 1516 jusqu’à la prise d’Alger en 1830. Peut-être cette étonnante durée d’un État de corsaires, ne disposant d’ailleurs que de ressources militaires assez limitées, doit-elle être expliquée par des alliances secrètes, les puissances de l’Europe aimant à se susciter mutuellement des ennemis. Quoi qu’il en soit, les côtes de la Maurétanie se dressèrent longtemps pour les Européens comme un mur de bronze. En 1541, Charles Quint, ayant Fernand Cortez dans son état-major, avait inutilement risqué sa fortune devant les murs d’Alger : sa flotte de 870 vaisseaux avait été dispersée, et c’est à grand’peine qu’il put ramener le reste de son armée. Les « Barbaresques » avaient, dans leur période de prospérité, jusqu’à 200 navires de course, qui