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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/543

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la plaine russe et ses habitants

tenaient autour du maître ne formaient pas un groupe de petits princes vassaux comme les seigneurs de l’Occident : ils constituaient une droujina, c’est-à-dire une « camaraderie », un groupe d’amis vivant de la part de pillage ou d’impôts qui leur était allouée par le chef, mais ne s’établissant pas sur le sol et ne transmettant pas de terre domaniale à leurs fils aînés. La bande tumultueuse des compagnons du chef ne pouvait contrôler son caprice, mais souvent elle était emportée par le même élan de folie et de fureur, comme au temps d’Ivan le Terrible.

Cl. Sellier.

village russe au xviie siècle

En leur volonté féroce de faire régner partout l’obéissance parfaite, politique et religieuse, les tsars avaient surtout pour ennemis les cosaques « zaporogues », c’est-à-dire « ceux qui s’étaient campés au delà des chutes », sur les bords marécageux et boisés, ainsi que dans les îlots du Dniepr. Que de fois ces vaillants hommes s’étaient-ils dévoués pour défendre les chrétiens pacifiques de la Russie intérieure ! Que de fois, rendant incursion pour incursion, avaient-ils pénétré au loin dans les pays musulmans, prévenant ainsi les campagnes de la « guerre sainte » par une autre « guerre sainte » ! Sur des barques légères, ils osaient même traverser la redoutable mer Noire à la poursuite de l’adversaire ou à la recherche du