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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/557

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descente des mandchoux en chine

être dérivés tous les autres mots de la langue mandchoue, voulant ainsi opposer civilisation à civilisation. Pour mettre les puissances célestes de son côté, s’adressant à tout son peuple armé, il fit réciter devant lui les « sept griefs » mortels qu’il avait contre la Chine, puis il fit brûler solennellement le document accusateur, afin que la fumée en montât vers le ciel et lui assurât, avec la faveur des dieux, la
potiche chinoise représentant
le roi louis xiv
satisfaction de sa « haine immortelle ».

Les quatre armées chinoises, représentant ensemble une force de 470 000 hommes, furent battues séparément en 1618, et Nurhatchu eut même la joie de forcer les portes de la Grande Muraille, à Chanhaïkuan ; mais, ayant à passer dans l’étroit chemin qui mène vers la capitale et dont il ne possédait pas les points d’appui, il dut rester en arrière pour tâcher de s’emparer de la ville forte de Ming-Quen. Cette dernière tentative (1626), fut infructueuse, et le grand chef mourut de chagrin de n’avoir pas accompli son œuvre. Mais ce qu’il n’avait pu faire, les révolutions intérieures de la Chine, aidées même par une incursion temporaire des Hollandais à Formose, dans les Pescadores et dans le district d’Amoï, le firent pour sa dynastie. Un premier siège de Péking, tenté par les Mandchoux en 1629, n’avait pas réussi ; défendue par le canon, la ville avait vigoureusement résisté aux barbares ; elle ne résista point aux Chinois révoltés qui, depuis une quinzaine d’années, bouleversaient l’Empire. En 1644, le chef des insurgés venait de s’installer à Péking et de se proclamer empereur, mais à peine avait-il eu le temps de sentir qu’il était le « Fils du ciel » qu’on le renversait lui-même. Un de ses généraux offensés, celui qui veillait aux frontières du nord-est, fit appel aux Mandchoux pour venger la dynastie légitime des Ming. Le nouveau maître fut complètement vaincu à Chanhaï-