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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/85

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universités du moyen age

A certains égards, les universités du moyen-âge étaient des corporations libres, indépendantes les unes des autres et de l’État. Elles pouvaient donc revendiquer fièrement leurs privilèges et libertés
Cl. Giraudon.
scènes de la vie des écoliers parisiens
(Cathédrale de Paris, xiiie siècle)
contre les princes et leurs mandataires ; mais par la théologie, dont toutes les autres sciences n’étaient que les servantes, elles étaient censées constituer une part de l’Eglise, tout en étant partiellement révoltées. Les étudiants ecclésiastiques y étaient beaucoup plus nombreux que les autres, car c’était dans la hiérarchie épiscopale que les ambitions avaient le plus de chance de pouvoir se satisfaire ; c’est dans ce sens qu’agissait le phénomène de « capillarité sociale » décrit par A. Dumont dans d’autres domaines. Comme l’Eglise, les universités étaient ouvertes à tous : elles recevaient des mendiants aussi bien que des chanoines et des princes ; il était parfaitement admis que des étudiants eussent recours à la mendicité ou au travail manuel pour subvenir à leurs dépenses ; une foule d’écoliers vivaient comme serviteurs d’étudiants riches, tout en jouissant officiellement des mêmes prérogatives en dehors de l’université. Mais, dans l’État distinct que constituait le vaste organisme de l’Ecole avec ses coutumes, ses lois, sa volonté divergente, la faveur ne manquait pas, comme dans tous les autres États, de graviter vers les grands. D’ordinaire, le recteur proté-