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Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 1, Librairie Universelle, 1905.djvu/190

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l’homme et la terre. — peuplés attardés

sait d’évider peu à peu le rocher en descendant d’étage en étage. En Europe, certaines cryptes de palais et de cathédrales rivalisaient en beauté architecturale avec les édifices construits immédiatement au-dessus. Les siècles sont superposés comme les assises : cachés autrefois dans la terre, les édifices se sont épanouis au soleil.

un temple de petra évidé graduellement dans la pierre

Mais si la roche dure de certaines grottes a pu se prêter aux travaux d’embellissement qui ont permis d’en faire des temples et des palais, les excavations creusées dans la terre friable sont restées les humbles demeures des sauvages ou des pionniers encore dépourvus de tout confort. Ainsi les Algonquins et les Hurons de l’Amérique septentrionale, qui vivaient en dehors de la forêt et ne pouvaient construire de cabanes, se creusaient des trous dans la plaine rase, puis les recouvraient à demi d’un toit de gazon ; remplaçant les Peaux-Rouges, les pionniers européens de toute race qui ont conquis le pays sur les indigènes ont recours au même procédé pour se faire une demeure au moins provisoire : c’est le dug-out, le simple « déblai »,