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Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 1, Librairie Universelle, 1905.djvu/398

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l’homme et la terre. — iranie

iranien. Commerçants, colons, agriculteurs s’y groupèrent en un centre vital, déjà fameux dans la plus haute antiquité, puisque la tribu des Parniens qui en possédait les comptoirs était signalée comme très riche jusque dans l’Inde lointaine[1].

A l’ouest du formidable volcan, au contraire, la chaîne de l’Elburz présente très peu de brèches. Sur l’étroit littoral de la Caspienne il n’y avait guère de chemin : de ce côté, l’avenue côtière qui s’ouvrait devant les voyageurs était coupée de torrents rapides, interrompue par de vastes promontoires d’une escalade difficile, habitée de populations guerrières très disposées à rançonner les passants. Pratiquement cette série de défilés sinueux, qui se prolongent sur un espace de 800 kilomètres entre les déserts transcaspiens et les plaines de la Transcaucasie, reste fermée aux émigrations ethniques : malgré l’apparence que cette corniche du littoral prend sur la carte, il ne faut point la considérer comme formant une voie historique de signification majeure. Presque tous les étrangers qui s’aventurèrent sur ce rivage furent obligés de s’arrêter en route, soit pour combattre les montagnards du pays de Ghilan et chercher à s’emparer du sol sur lequel ils s’étaient hasardés, soit pour franchir la chaîne de l’Elburz et rejoindre, sur le versant opposé, la grande route des nations qui longe la face méridionale des monts.

A l’est de la Caspienne, la voie médiane de l’Asie se bifurque : une moitié suit la base méridionale du Caucase iranien, tandis que l’autre descend au nord dans les plaines. En cet endroit, les cassures des monts donnent accès à plusieurs sentiers qui se dirigent vers l’angle sud-oriental de la mer et vers le cours inférieur de la rivière Gurgen. Le point géographique occupé actuellement par la « Ville des Etoiles » ou la « Ville des Mulets » — Astrabad ou Asterabad — est un lieu historique par excellence, où devait naître une station de caravanes, où elle devait renaître aussitôt après le passage destructeur d’un conquérant. On essaya naturellement de fortifier l’entrée de l’escalier des monts, et l’on voit encore au delà du Gurgen les traces d’une muraille qui, partant des bords de la Caspienne, se prolonge au loin dans le désert et que les indigènes attribuent au héros légendaire, Alexandre aux deux Cornes. La persistance même de ce nom de Gur-

  1. Hermann Brunnhofer, Urgeschichte der Aryer in Vorder und Central-Asien, Erster Band, p., 131.