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Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/40

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l’homme et la terre. — phénicie

Syrie du nord par le bassin de l’Orontes, soit avec la Syrie méridionale et la Palestine par celui du Leontes, sans compter les seuils qui s’ouvrent directement à l’ouest, à travers la chaîne du Liban proprement dit, d’où, l’on descend à l’antique Sidon ou à telle autre cité phénicienne du littoral.

L’existence de ces voies de communication naturelles assura à l’oasis de Damas une influence commerciale et politique rayonnant au loin, et l’histoire nous raconte en effet que la ville, devenue aujourd’hui la capitale de la Syrie, eut de tout temps un rang considérable parmi les agglomérations urbaines de l’Asie antérieure. A diverses reprises, elle fut résidence royale et guerroya contre ses voisins, notamment contre les tribus d’Israël, mais elle n’eut jamais d’importance comparable à celle de Tyr ou de Babylone. Quoique l’égale de cette dernière cité par la fécondité de ses campagnes, toutefois bien moindre en étendue, elle ne pouvait se comparer ni avec la métropole de la Mésopotamie ni avec la grande ville commerçante de la côte phénicienne pour la situation centrale et prépondérante comme foyer de commerce international.

Parallèlement aux chaînes de montagnes qui se profilent du nord au sud, se développe le littoral syrien, avec ses baies en hémicycle formées par les saillies de chaînons latéraux. Le rivage marin prend une régularité géométrique seulement au sud du mont Garmel : c’est à partir de cette borne dominant au loin la mer que se déploie en un arc de cercle parfait, sauf la légère échancrure de Jaffa, la longue plage aboutissant par son extrémité sud-occidentale aux alluvions du delta nilotique.

Cette côte, tracée comme au compas par les vagues de la mer en une courbe définitive et presque inaccessible aux navires avant que l’art eût amélioré ses rares escales, forme l’angle sud-oriental de la Méditerranée, rattachant ainsi le littoral d’Asie à celui du continent africain. Une sorte de discordance se manifeste en cet endroit dans les traits géographiques de la contrée ; tandis que, dans la Syrie du Nord, les arêtes de montagnes, les dépressions intermédiaires parcourues par les fleuves et la côte de la mer sont disposées en lignes parallèles, ces traits divergent dans la Syrie du sud : d’un côté, la cassure dans laquelle coule le Jourdain s’ouvre directement au sud vers la mer Morte et le golfe