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Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/417

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situation de carthage

est bien isolé de toutes parts, offrant toute facilité pour la défense, tandis qu’à la base s’ouvrait un petit port, maintenant ensablé, et que s’arrondit à l’est une large rade. Un lac au-dessus duquel tournoient les oiseaux pêcheurs fournissait aux habitants les fruits de mer en abondance ; des campagnes fertiles se prolongent au sud vers les monts veinés de métaux ; enfin, à une petite distance vers le nord, se déverse dans la mer un fleuve abondant ouvrant un chemin de plusieurs centaines de kilomètres en développement vers les plateaux herbeux de l’intérieur.

ports de carthage. dans le lointain, la montagne aux deux cornes[1]

Voilà pour les avantages immédiats, mais dans ses rapports avec l’ensemble des régions méditerranéennes, Carthage est encore bien autrement privilégiée. La partie de la Maurétanie qu’elle occupe est située précisément à l’angle de la grande ligne montagneuse comprise entre la Méditerranée, l’Océan, le Sahara, et cette position, en vigie sur l’un des caps angulaires, domine la voie de navigation où doivent forcément passer les marins qui vont de l’un à l’autre des grands bassins de la mer intérieure : c’est vers Carthage que gouvernaient les navires pour prendre le vent qui, sur les mers lointaines, les menait au port. La cité punique se trouvait donc à l’endroit le mieux situé de tous comme lieu de rendez-vous et d’échange, sinon au centre

  1. Gravure extraite de Au Pays du Bey, Juven, éditeur.