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histoire de la révolution russe

breux salons, à Pétersbourg, restaient des foyers d’influence et de propagande germaniques ; c’était là d’ailleurs une fort ancienne tradition en Russie où, depuis Pierre le Grand, les Allemands — à défaut d’une noblesse russe instruite et d’une classe moyenne — avaient joué un grand rôle comme militaires, diplomates, administrateurs, chefs d’industrie et ouvriers habiles. Le mouvement slavophile, dont le centre était à Moscou, et le mouvement démocratique, qui sentait l’hostilité de la Prusse et s’en méfiait, n’avaient exercé qu’une action assez faible sur les hautes régions de la société et la bureaucratie. Russifier les provinces baltiques et donner le nom de Jouriev à Dorpat (1893) ne constituait pas des succès sérieux pour les slavophiles, quand la capitale et le Gouvernement lui-même étaient et restaient germanisés.

Il fallut le désastre de Tannenberg (fin août 1914), ceux de la retraite galicienne et polonaise (mai-septembre 1915), pour faire comprendre au pays qu’il n’était pas seulement mal servi et volé — il le savait depuis longtemps — mais trahi.

On peut douter que le général Rennenkampf, le 26 août 1914, eût pu sauver son collègue Samsonov, égaré par de faux rapports d’espionnage, en se portant à son secours ; peut-être eût-il été entraîné dans sa défaite, la plus cruelle qu’ait subie la Russie (quatre-vingt mille prisonniers) ;

    récolte ce qu’elle a semé par une alliance contre nature avec la France et l’Angleterre, dominées par les francs-maçons et les juifs. »

    Ibid, décembre 1913 : « Comme l’Allemagne — qui, elle, mérite confiance — veut un rapprochement avec nous, il faudrait unir nos forces aux siennes pour écraser ces nids de punaises de la franc-maçonnerie, qui mettent en danger l’État allemand comme l’État russe. »