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Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/52

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histoire de la révolution russe

et de Hollande, restés libres de dire la vérité, quel tort immense ce déchaînement de fureurs faisait à la cause commune. On le dit à la Douma beaucoup plus librement qu’à Paris. « Une population entière, s’écria Milioukov, a été accusée de trahison, et cette accusation, provenant d’une source unique (Miassoyedov), était propagée par l’autorité militaire ! » (août 1915). — « Les coupables ne sont point les juifs, dit Tchkheidze, le pays tout entier l’affirme ; ce sont ceux qui se sont enrichis aux dépens de l’armée, ce sont ceux qui ont vendu la Russie, guidés par les Miassoyedov. Et si l’on veut réellement trouver les coupables, il faudra aussi faire la lumière sur le rôle du ministre de l’Intérieur Maklakov. » Parlant ensuite des quatre cents otages juifs retenus en prison : « Quelle loi de l’Empire, demanda-t-il, autorise à mettre en prison des gens dont le seul tort est de jouir de l’estime générale ? Quelle loi autorise à juger et à punir des crimes inconnus ? Cela nous déshonore à la face du monde civilisé, à la face des Alliés. »


XXIV


Le ministère se présenta à la Douma allégé de ses réactionnaires les plus compromis (Stcheglovitov, Maklakov, Sabler). Le nouveau ministre de l’Intérieur, Stcherbatov, était un modéré, qui s’était montré très actif dans les zemstvos ; Ignatiev, ministre de l’Instruction publique, avait des tendances libérales (juillet 1915). À la réouverture de la Douma (1er août), Goremykine tint un dis-