Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
histoire de la révolution russe

pos du thaumaturge qui, attestés par des personnes dignes de foi, ont la valeur de textes historiques. À la fin de 1916, Raspoutine disait : « Je ne suis qu’un simple paysan, mais à qui Dieu a parlé. Le tsar sait que la vie de son fils unique dépend de mes prières. De grands personnages ont voulu m’écarter : je crache sur eux. L’esprit de Dieu est en moi. L’impératrice fait toutes mes volontés (elle s’était fait photographier à ses côtés). J’ai dit au tsar que la guerre est un crime et que la guerre sera sa perte. Il faut tout d’abord que je travaille à la finir »[1].


XXXI


À la reprise des séances de la Douma (2 décembre), Trepov lut un discours patriotique, parla de la reconstitution de la Pologne et de la conquête des Détroits, indispensable à l’avenir de la Russie, comme l’avaient d’ailleurs reconnu les Alliés. Il affirma aussi le désir du Gouvernement de coopérer avec les municipalités et les zemstvos, à quoi répondirent des cris énergiques : « Nous n’en croyons rien ! » La Douma était à bon droit très mécontente de voir encore Protopopov sur le banc des ministres et en faisait porter la peine à Trepov. Pouriskevitch supplia le Gouvernement d’être aussi patriote que les ouvriers qui travaillaient aux munitions ; il conjura le tsar d’ouvrir les yeux et

  1. Figaro du 31 mars 1917. — On a publié des fragments de lettres de l’impératrice à Raspoutine : « Je vous aime et n’ai foi qu’en vous. Dieu veuille que nous nous revoyions bientôt. Je vous embrasse. Votre fille. » (Journal de Genève, 4 mai 1917.)