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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/111

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de la peſte de Marſeille


les nuits ne ſont pas aſſez longues pour les enlever tous ; on ne peut plus garder pour le Public les ménagemens ordinaires ; il fallut ſe reſoudre à porter les morts de jour ; ils ne peuvent même être enlevés un à un ; on prend de force les chevaux & les tomberaux des Bourgeois, on engage tous les Gueux & Vagabonds à ſervir de Corbeaux, on fait ouvrir de grandes foſſes hors la Ville, les Tomberaux vont de jour par les ruës, & le bruit funebre de leur cahot, fait déja fremir les ſains & les malades : enfin on voit déja dans toute la Ville le triſte apareil d’une contagion déclarée.

On n’y trouve plus de boutique ouverte, tous les travaux publics & particuliers ont ceſſé, le commerce eſt depuis long-tems interdit, les Egliſes, le College, la Loge[1], & tous les lieux publics ſont fermés, les Offices divins ſuſpendus, le cours de la Juſtice arrêté ; il n’y a plus parmi les parens & les amis de frequentation, plus de viſite, plus de ſocieté ; les Payſans de la campagne n’aportent plus leurs denrées ; tout le monde

  1. C’eſt l’endroit où s’aſſemblent les Negotians.