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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/113

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de la peſte de Marſeille


qu’elle l’a été dans cette occaſion. On pourroit la comparer à celle de ces hommes inſenſés, qui ménacés d’un déluge prochain, & voyant conſtruire l’Arche à Noël, s’en mocquerent, & ne penſerent point à le prévenir par une ſemblable précaution, & par une converſion ſincere. Telle a été la ſtupide incredulité de quelques-uns de nos Habitans ; ils ont vû commencer la peſte dans les Infirmeries, ils l’ont vûë paſſer, pour ainſi dire, ſous leurs yeux de cet endroit dans la Ville, & s’étendre en peu de jours dans tous les quartiers ; elle leur eſt confirmée par le témoignage de tous les Medecins ; & malgré tout cela ingenieux à ſe tromper eux-mêmes, ils aiment mieux s’expoſer à tous les déſordres d’une calamité publique, que de les prévenir par de ſages précautions qu’ils n’auroient pas dû negliger quand même elles auroient dû leur devenir inutiles.

C’eſt dans le ſecond periode du mal que ces déſordres furent extrêmes, & que l’on vit tout le trouble de la plus affreuſe déſolation. Deux choſes donnerent lieu à ces déſordres : d’une