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de la peſte de Marſeille


ils ſe ſont livrés à ce dangereux emploi d’eux-mêmes, & de la maniere du monde la plus genereuſe. On les a vû depuis le commencement eſſuyer le premier feu de la contagion, aller de ruë en ruë, chercher les malades dans les maiſons, les aprocher hardiment, les toucher & leurs bubons, & leurs playes, les panſer même, quand il a été neceſſaire ; en un mot remplir toutes leurs fonctions avec la même liberté, qu’ils le font aux malades ordinaires, ſans prendre des habits particuliers & negligeant toutes ces effrayantes précautions ſi recommandées par tous les Autheurs.

Veritablement les premiers jours ils uſerent de quelques parfums, mais c’étoit moins pour ſe garantir de l’infection contagieuſe, à laquelle la plûpart ne croyent pas, que de celle qu’exaloient des maiſons mal propres, où ils trouvoient ſouvent quatre ou cinq malades dans une même chambre. Ils ſe ſont prêté genereuſement à tout ce qu’on a demandé d’eux dans la Ville, à la Campagne, & dans les Hôpitaux, & tout cela ſans être à charge à la Ville, excepté

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