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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/163

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de la peſte de Marſeille


quelqu’un qui veüille lui rendre des ſervices moins importans, que ceux qu’il a rendu lui-même aux autres : dans cet état il s’efforce de ſortir, il va fraper à diverſes portes de ſes Parroiſſiens, il leur demande une retraite & leurs ſecours charitables : refuſé de par tout, il revient dans ſa maiſon y attendre la recompenſe dûë à ſes travaux, & où abandonné des hommes il expira ſeul entre les bras du Seigneur. Eſt-ce la dureté du tems ou celle des hommes, qui nous fait voir des exemples d’une ſi cruelle ingratitude ? Un Chanoine de la Cathedrale, d’ailleurs riche & à ſon aiſe, ſe trouvant en ſa maiſon dans le même délaiſſement, va ſe refugier dans le Clocher de ſon Egliſe, où il ſe flatte de trouver quelqu’un pour le ſervir ; helas ! il y meurt ſans aucun ſecours. Un Medecin eſt obligé de ſe refugier chez les Recolets, pour ne pas ſe voir mourir dans une entiere privation de tout ſoulagement. Un autre, qui veritablement a la conſolation d’être au milieu de ſa famille, qu’il ne conſervera pas long-tems, manque ſouvent de ſes neceſſités dans

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