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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/167

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de la peſte de Marſeille


homme entendant dire, que dans le voiſinage une femme d’une groſſeſſe fort avancée étoit prête à expirer, & qu’on ne trouvoit point de Chirurgien, pour delivrer l’enfant, & le mettre en état de recevoir le Baptême, animé d’un ſaint zele, peut-être mal entendu, prend un mauvais raſoir, va chez cette femme qu’il trouve morte, il lui fait l’operation Ceſarienne, & comme ſi le Seigneur eût conduit cette main aveugle, une operation qui eſt preſque toûjours inutile & infructueuſe eût ici un ſuccès entier, car il en tira l’enfant en vie, & le baptiſa. Il ſemble que le Seigneur ait voulu donner à cette action, qui imprudente en aparence avoit été pourtant entrepriſe par un eſprit de charité, tout l’éclat & toute la certitude qu’elle meritoit ; car l’enfant ſurvêcut quelques jours à ſa mere, & ce pieux jeune homme alla bientôt joüir du même bonheur qu’il avoit procuré à cet enfant.

Je n’oſerois pouſſer plus loin le détail des differentes calamités que l’on voyoit dans l’interieur des maiſons ; elles ne trouveroient pas de créance

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