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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/174

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Relation Hiſtorique


yeux éteints, d’autres éteincelans, des regards languiſſants, d’autres égarés, tous avec un air de trouble & de frayeur qui les rendoit méconnoiſſables. Comme la peſte adopte les ſymptomes de toutes les autres maladies, on y entendoit toute ſorte de plaintes, des douleurs de tête, & dans toutes les parties du corps, de cruels vomiſſemens, des tranchées dans le ventre, des charbons brûlans, & toutes les autres ſuites de ce terrible mal : l’un étoit languiſſant, ſans dire mot, l’autre dans le délire ne ceſſoit point de parler : enfin c’étoit un aſſemblage de toute ſorte de maux, qui devenoient plus violens & plus cruels par le froid qu’ils prenoient dans la nuit ; car on a reconnu que la tranſpiration donnoit plus de repos & de ſoulagement à ces malades, que tous les remedes, & comment l’entretenir cette tranſpiration, quand on eſt à découvert & expoſé nuit & jour aux impreſſions d’un air froid ?

Qu’on ne croie pas que cet affreux apareil de tant de malades raſſemblés en un même lieu, ne ſoit que