ſecours, abandonnée de la plûpart
de ſes propres Citoyens, qui auroient
pû & qui auroient dû, à l’exemple
de leurs peres, ſecourir leur Patrie,
& ſoulager les miſeres des pauvres
dans une ſi preſſante neceſſité : cette
Ville enfin dans les ruës de laquelle
on avoit il y a peu de tems de la peine
à paſſer par l’affluance extraordinaire
du peuple qu’elle contenoit,
eſt aujourd’hui livrée à la ſolitude,
au ſilence, à l’indigence, à la déſolation,
à la mort. Toute la France,
toute l’Europe eſt en garde, & eſt armée
contre ſes infortunés Habitans
devenus odieux au reſte des mortels,
& avec leſquels on ne craint rien tant
à preſent que d’avoir quelque ſorte
de Commerce. Quel étrange changement ?
Et le Seigneur fit-il jamais
éclater ſa vengeance d’une maniere
plus terrible & plus marquée tout à
la fois ? N’en doutons pas, mes très-chers
Freres, c’eſt par le débordement
de nos crimes, que nous avons
merités cette effuſion des vaſes de la
colere & de la fureur de Dieu. L’impieté,
l’irreligion, la mauvaiſe foi,
l’uſure, l’impureté, le luxe monſ-
Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/196
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
Relation Hiſtorique