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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/20

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Relation Hiſtorique


repouſſer par une vigoureuſe reſiſtance. On peut arrêter la rapidité de ſes conquêtes, par l’opoſition d’une Place, que l’art d’accord avec la nature, auront mis en état de le laſſer, par une longue défenſe. On peut trouver, dans la force de ſes remparts, un aſile à ſa foibleſſe, & obtenir, à la faveur d’un courage opiniâtre, une honorable compoſition.

Quelqu’affreux que ſoit le ſpectacle d’une Ville ſaccagée, il ne dure que quelques heures, ou tout au plus que quelques jours. Le Soldat avide de piller, eſt bientôt raſſaſié de ſang & de carnage : ſenſible aux malheurs des vaincus, il accorde ſouvent la vie à leurs larmes ou à leur liberalité. Quelque general que ſoit ce maſſacre, on épargne preſque toûjours ceux que la foibleſſe de l’âge & du ſexe rend innocens du crime commun : enfin, ſouvent le premier ſang répandu, excite la pitié du vainqueur, & procure aux autres un pardon & une amniſtie génerale.

La famine n’entraîne les derniers malheurs, que quand elle eſt génerale & univerſelle. On n’a preſque ja-