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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/263

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de la peſte de Marſeille


travaillent ſous lui ; il preſſe les uns par des ménaces, il anime les autres par des liberalités, il fait enlever les mille cadavres par jour, & on peut dire que jamais Magiſtrat n’a pouſſé ſi loin le zele de ſauver ſa Patrie.

Bientôt la Ville alloit être délivrée par ſes ſoins de tous ces objets d’horreur ; mais d’un jour à l’autre les Corbeaux diminuent : les uns tombent par la violence du mal, les autres par celle du travail, les Chevaux par la laſſitude ; tout manque, il n’y a que le zele & le courage du Magiſtrat qui ſe ſoûtiennent toûjours dans la même vigueur : dans moins de ſix jours, les cent Forçats accordés le 1. Septembre, ſont reduits à dix ou douze, & le 6. du même mois, il y a encore plus de deux mille corps morts dans les ruës ; il en tombe encore plus de huit cens par jour, & bientôt va recommencer le tragique ſpectacle des cadavres entaſſés les uns ſur les autres dans les Places publiques.

Cette affaire pourtant ne peut pas ſouffrir d’interruption, c’eſt la plus ſerieuſe & la plus importante, auſſi

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