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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/273

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de la peſte de Marſeille


leur des anciens Conſuls Romains dans les expeditions militaires, y en a-t’il moins à braver les dangers de la contagion que ceux de la guerre ? Eſt-ce une moindre gloire de délivrer ſa Patrie d’une peſte cruelle, qui la ravage au-dedans, que de la garantir des inſultes d’un ennemi, qui ne la ménace que de loin ? En effet, nos Conſuls parviennent enfin par leurs ſoins, & par leur vigilance à délivrer la Ville de l’infection des cadavres ; veritablement on ne les voit plus croupir dans les ruës & dans les places publiques, mais parce que la mortalité va toûjours ſon train, on n’eſt pas encore, pour ainſi dire, ſur le courant.

Le ſeul endroit qui reſtoit à netoyer étoit une grande Explanade appellée la Tourrete, où il y avoit depuis long-tems plus de mille cadavres ; on ne ſçavoit comment s’y prendre, pour attaquer cet endroit. Mr. le Chevalier Roſe, auſſi fécond en expediens, que prompt à les mettre en execution, ſe porte ſur le lieu, & viſitant les remparts qui ſoûtiennent ce terrain, & au pied duquel la mer