Aller au contenu

Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
de la peſte de Marſeille


chant d’un pas lent, & contraints de s’arrêter de tems en tems pour reprendre des forces. C’eſt ici un changement de décoration dans toute la Ville, non moins pitoyable que la premiere. L’un ſe plaint d’être reſté ſeul de toute ſa famille, l’autre d’avoir perdu ſon pere & ſa mere, ceux-ci de n’avoir pû conſerver aucun de leurs enfants ; chacun tâche d’exciter la pitié des autres par le récit de ſes pertes & de ſes diſgraces, & tous s’en conſolent par le plaiſir qu’ils ont d’être échapés. Une heureuſe prévention ſe répandit alors que cette maladie n’étoit pas ſujette aux rechûtes, & que ceux qui en avoient été guéris, ne pourroient plus la reprendre : nous dirons dans la ſuite ce qu’il en eſt. Cette opinion publique procura de nouveaux ſecours à nos malades ; car ceux qui étoient rechapés, ſe livrerent librement à ſervir les autres malades. Il eſt vrai qu’ils les faiſoient rançonner ; mais que ne donneroit-on pas quand on eſt dans cet état ? Tous ces nouveaux ſecours releverent les courages abatus, ranimerent la confiance, & les malades commen-

N ij