chant d’un pas lent, & contraints de
s’arrêter de tems en tems pour reprendre
des forces. C’eſt ici un changement
de décoration dans toute la Ville,
non moins pitoyable que la premiere.
L’un ſe plaint d’être reſté ſeul
de toute ſa famille, l’autre d’avoir
perdu ſon pere & ſa mere, ceux-ci
de n’avoir pû conſerver aucun de
leurs enfants ; chacun tâche d’exciter
la pitié des autres par le récit de ſes
pertes & de ſes diſgraces, & tous
s’en conſolent par le plaiſir qu’ils ont
d’être échapés. Une heureuſe prévention
ſe répandit alors que cette maladie
n’étoit pas ſujette aux rechûtes,
& que ceux qui en avoient été guéris,
ne pourroient plus la reprendre :
nous dirons dans la ſuite ce qu’il en
eſt. Cette opinion publique procura
de nouveaux ſecours à nos malades ;
car ceux qui étoient rechapés, ſe livrerent
librement à ſervir les autres
malades. Il eſt vrai qu’ils les faiſoient
rançonner ; mais que ne donneroit-on
pas quand on eſt dans cet état ?
Tous ces nouveaux ſecours releverent
les courages abatus, ranimerent la
confiance, & les malades commen-
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de la peſte de Marſeille
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