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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/363

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de la peſte de Marſeille

Si le peuple n’avoit paru oublier ſes malheurs que par la joye des nouveaux mariages, on ne devoit pas craindre qu’une ceremonie honorée par le premier miracle du Sauveur, authoriſée par les loix, neceſſaire à la ſocieté irritât de nouveau le Seigneur contre nous, pourveu que tout s’y paſsât ſelon les regles de la bienſeance chrêtienne : mais ce qui pouvoit nous attirer encore ſa colere, ce ſont les vols, les brigandages, & une infinité d’autres crimes, dont nous n’oſerions retracer icy les horreurs, & deſquels les mal-faiſeurs ſe promettoient l’impunité de la part des hommes par les troubles de la Contagion, & du côté du Ciel par la grace qu’il venoit de leur faire en les garantiſſant, ou en les ſauvant d’un mal, dont ils voyoient périr tant d’autres. Le bras du Seigneur étoit encore levé ſur nous, que l’on voyoit parmy le peuple un débordement general, une licence effrenée, une diſſolution affreuſe. Les uns s’emparent des maiſons deſertes par la mortalité, les autres forcent celles qui ſont fermées, ou qui ne ſont

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