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de la peſte de Marſeille


là qu’ils virent : tout ce que la miſere, la frayeur, & l’abandonnement ont de plus triſte & de plus rebutant ; ils trouvoient la pluſpart de ces malades rélegués dans des Etables, dans les Greniers à foin, & dans les endroits les plus ſales ; Pluſieurs couchés ſur la dure, d’autres abandonnés dans des grottes & dans des lieux écartés hors de la portée de tout ſecours. Tantôt c’étoit toute une famille languiſſante du même mal ſans pouvoir ſe ſecourir l’un l’autre ; Tantôt c’étoit un Pere qui avoit ſecouru ſa femme & ſes enfans, & avoit rendu à tous le dernier devoir, & qui ſe voyoit luy-même privé de l’un & de l’autre, ou bien une Mere autant accablée de l’affliction de ſe voir ſeule, que de la violence de ſon mal ; Tantôt enfin c’étoit des petits enfans, reſtes infortunés d’une nombreuſe famille entierement éteinte, qui ne leur a laiſſé pour tout héritage que la cruelle maladie, qui l’a faite périr ; Mais ne réveillons plus ces triſtes idées, laiſſons les imaginer par tout ce que nous en avons dit cy-deſſus. Nous remarquerons ſeulement qu’il falloit

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