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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/405

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de la peſte de Marſeille


tous les raiſonnemens du monde ne ſauroient le faire.

Il ſemble pourtant qu’il eſt neceſſaire de détruire les préventions du peuple ſur la terreur du mal, qui l’empêche de ſe ſécourir les uns les autres, auſſi bien que celles, qui regardent la Contagion, & qui cauſent un ſi grand dérangement dans les Provinces, dans les Royaumes, & ſi je l’oſe dire, dans toute l’Europe ; Cela eſt vray ; mais pour les détruire ces préventions, il ne faut pas donner dans l’extremité oppoſée, qui n’eſt pas moins contraire au bien public. Pouſſer la terreur du mal juſques à l’abandonnement des malades, c’eſt une barbare cruauté ; étendre la crainte de la Contagion au delà du temps, & des meſures ſuffiſantes pour en purger tout ſoupçon raiſonnable, c’eſt troubler la ſocieté, c’eſt y mettre un dérangement géneral. Mais auſſi regarder la peſte comme une maladie ordinaire, & perſuader aux gens de s’y livrer avec une entiere liberté, c’eſt les expoſer au danger de périr & de faire périr tous les autres. Nier abſolument la Contagion & inſpirer

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