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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/502

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Relation Hiſtorique


maladie que de loin, que c’eſt une fiévre maligne ordinaire cauſée par les mauvais alimens, & par la miſere, comme étoient celles qui ravagerent certaines Villes du Royaume il y a quelques années ; ce n’eſt plus le bas peuple qui a ſouffert par la diſette, que l’on voit attaqué de ce mal, c’eſt toute une Ville, & ceux qu’un état aiſé avoit garanti des incommodités de la diſette, n’ont pû ſe ſauver de l’incendie génerale. Toutes ces grandes idées des ſiſtêmes modernes s’évanoüiſſent à la vûë de nos malades, & la theorie la plus rafinée ſe trouve déconcertée, quand il faut mettre la main à l’œuvre.

Il ſeroit difficile de déterminer la nature de ce venin à la maniere dont il agit dans le ſang : accoûtumés à tout raporter à nos idées, & ne connoiſſant que deux manieres dont le ſang peut être altéré & ſe corrompre, on demandera d’abord ſi ce venin diſſout le ſang, ou bien s’il le fige & le coagule. La bizarrerie des ſymptômes a fait qu’on n’a pû s’aſſûrer préciſément ni de l’un ni de l’autre, & que même on a crû voir ces deux