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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/75

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de la peſte de Marſeille

D’un autre côté, le peuple entrant dans les mêmes ſoupçons, inſulte publiquement les Medecins dans les ruës, & leur reproche hautement qu’ils groſſiſſent le mal par l’indigne motif d’un ſordide interêt : les Medecins, animés d’un vrai zele pour leur Patrie, devoroient toutes ces inſultes d’une vile populace ; ils furent beaucoup plus ſenſibles aux mépris de quelques-uns de principaux Citoyens, qui écrivirent en divers endroits des lettres pleines de qualifications les plus odieuſes contr’eux, & dans leſquelles l’ignorance étoit le moindre vice qu’ils leur reprochoient. A quels égaremens de raiſon ne porte pas une aveugle incredulité ?

Deux choſes favoriſoient cette prévention. Mr. Michel, Medecin aux Infirmeries, écrivoit aux Echevins, que les malades qu’on lui envoyoit, n’avoient d’autre mal, les uns que l’ennui d’être enfermés, & les autres que la verole, & qu’ils avoient plus beſoin de mercure que d’autres remedes. Pourtant l’ennui & la verole furent pour tous ces malades des maladies mortelles. La ſeconde choſe

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