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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/79

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de la peſte de Marſeille


re, il en manqua ce jour-là ; ſur le ſoir la populace s’attroupa, & courut de ruë en ruë inſulter toutes les maiſons des Boulangers.

Mr. le Marquis de Pilles Gouverneur de la Ville, qui depuis le commencement de la contagion ne ceſſoit pas d’agir à la tête des Echevins, de les animer par ſon exemple, & de veiller à la ſûreté publique, étoit pour lors enfermé avec eux dans l’Hôtel de Ville, pour regler les affaires, que les malheurs préſens avoient infiniment multipliées. Averti de ce déſordre, il ſort accompagné de Mr. Mouſtier un des Echevins, & ſe porte à l’endroit où étoit cette Populace mutinée. Il n’eût pas beſoin de gens armés pour appaiſer ce tumulte ; autant aimé du peuple, qu’eſtimé des honnêtes gens, ſa ſeule préſence déſarma ces rebelles, & changea ſur le champ leurs plaintes & leur murmures en cris de joie & d’allegreſſe, au bruit deſquels ils l’accompagnerent chez lui, & ſe retirerent avec autant de tranquilité, qu’ils avoient montré de chaleur & d’émotion dans leur revolte. On vit alors combien il