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Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 5, Quelle bonne sirope, 1916.djvu/13

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Oui, il m’plairait, paraît, d’en avoir le soir, parce que maintenant on ne m’en donne jamais quand je le demande. Pourquoi donc, Trinette, qu’on ne peut manger de la sirope au soir ?

D’jan, ni k’minciz nin co. Vos savez bin qu’on ri*magne nin del sirope à l’nute.

Je sais bien qu’on ne peut pas en avoir ; on me le dit tout le temps, mais on ne sait pas pourquoi ; ou bien on ne veut pas me le dire. Encore l’autre jour au soir, mon oncle coupait une tartine pour lui dans l’armoire, j’ai demandé une aussi, et alors, comme il me demandait « avec quoi ? avec de la sirope » que j’ai dit, moi, parce que je croyais qu’il ne pensait pas à ça, et qu’il allait m’en donner, parce que le pot à la sirope était sur la planche juste à côté de la frisse makaye et qu’il n’avait qu’à en prendre pour mettre sur ma tartine. Mais il a tout d’un coup fait une méchante figure et il a crié avec une voix toute fâchée :

— On n’magne nin del sirope à l’nute !Et il a clapé la porte de l’armoire et je n’ai rien eu, moi.

Et je me rappelle encore une autre fois, un dimanche, que mon parrain était venu passer la sîze, lui qui sait tout, parce qu’il a même été une fois à Bruxelles dans son jeune temps ; alors quand il vient chez nous à la sîze, il dit toujours comment il faut faire et ma tante l’écoute en faisant des hauts sourcils comme