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Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/156

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toile qu’elle avait inspirée, elle restait près de lui, brodant, lisant ou faisant de la musique, jusqu’à l’heure où leurs hôtes ordinaires se groupaient autour d’elle pour la mettre au courant des nouvelles parisiennes. Le soir, s’ils n’avaient eu personne à dîner, ils allaient au théâtre, ou tout simplement ils descendaient, bras dessus, bras dessous, se promener au Luxembourg, à quelques pas, pour être plus tôt rentrés !

Pleine de goût, habituée au luxe dès son enfance, Mme Meyrin, après avoir pris des domestiques convenables, habitués au service, avait installé sa maison d’une façon charmante. Tout y trahissait la femme élégante, intelligente, soucieuse du bien-être de ceux qui l’entouraient. Elle ne laissait à personne le soin de renouveler les fleurs dont l’atelier était constamment orné, et Paul se plaisait dans cet intérieur qui flattait ses appétits sensuels et dont il n’avait pas eu idée jusque-là.

Le nouveau ménage, en un mot, était parfaitement heureux. Il ne lui manquait que des relations de famille, car Mme Frantz avait tenu bon dans sa rancune contre son beau-frère et sa femme ; elle ne les voyait pas et c’était en cachette, afin d’éviter toute discussion, que Mme Meyrin, la mère, s’échappait de temps en temps pour venir embrasser son fils. L’accueil rempli de respect et d’affection que lui faisait sa belle-fille charmait la brave femme, et elle s’ingéniait pour trouver un moyen de rapprocher ses enfants ; mais jusqu’alors elle avait échoué.

Cependant les exilés de la rue d’Assas avaient d’ardents défenseurs rue de Douai. C’était d’abord Mme Daubrel. Celle-ci saisissait toutes les occasions de faire l’éloge de Lise, avec qui, nous l’avons vu, elle était plus liée que jamais, bien qu’elle ne fût d’aucun de ses dîners et n’assistât à aucune de ses réceptions. Mme Paul Meyrin avait vainement insisté pour que Marthe se mêlât un peu à son monde. Celle-ci avait toujours refusé énergiquement de le faire.

— Ma bien chérie, lui répondit-elle, un jour que son amie revenait encore sur ce sujet, vous savez quelle est