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Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/213

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VIII

ABANDONNÉE


Dans les premiers jours de l’automne, la situation de Mme Meyrin s’aggrava si rapidement que les médecins appelés en consultation la jugèrent en danger. Ils avaient affaire à une anémie contre laquelle rien ne pouvait réagir, et ils craignaient de graves désordres du côté de la poitrine, ainsi que le fait se produit trop souvent dans les maladies de langueur. L’amaigrissement de la pauvre femme était effrayant. Hélas ! il ne lui restait plus rien de ses éblouissantes beautés d’autrefois. Ses yeux étaient caves, son teint terreux, et ses pommettes se marbraient par moments de taches rougeâtres du plus mauvais augure.

C’est tout au plus si elle pouvait faire quelques pas, tant sa faiblesse était grande. Elle ne quittait guère son lit que pour s’étendre sur une chaise longue, auprès de laquelle Mme Daubrel et Dumesnil passaient une partie de leurs journées, s’efforçant de la distraire et de la rassurer. Mais si touchée qu’elle fût de ces bons soins, Lise leur répondait à peine, et lorsque, pour leur faire croire qu’elle ne désespérait pas, elle esquissait un sourire, ce sourire était navrant et arrachait des larmes à ces deux amis dont le dévouement était admirable. Le vieil artiste surtout était profondément affecté de ce douloureux spectacle auquel il assistait chaque jour.

En retrouvant dans Mme Meyrin l’enfant de ses amours avec Madeleine Froment, la jeune fille dont l’orgueil de sa mère avait fait une princesse et que les