Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/47

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responsabilité déjà trop grande, je ne veux pas l’assumer plus longtemps.

— Mais, madame, si le prince se contente du motif que je lui donnerai sur votre conseil, de ce prompt départ, d’autres personnes seront peut-être moins crédules.

— Je n’ai pas à m’inquiéter de cela. Vous direz à ces autres personnes ce qui vous conviendra. Le mieux encore serait de ne rien dire… à qui que ce soit ! Mais vous partirez, j’en exige de vous la promesse formelle.

— Vous exigez ?

— Vous savez bien que j’ai le droit et le devoir de parler ainsi.

— Et si je refuse de vous obéir ?

— Si vous refusez, dans dix minutes vous recevrez les témoins du général Podoï, témoins discrets qui vous ménageront le moyen de vous battre sans compromettre personne, sauf moi-même. Il vous restera la honte d’avoir accepté un vieillard pour adversaire, et vous serez bien forcé ensuite de quitter Pampeln.

Le brave Podoï ne se doutait guère qu’en ce moment celle qui portait son nom disposait si facilement de sa vie. Il est vrai que la générale savait qu’elle n’avait besoin de consulter son mari dans aucun cas, et qu’en cette circonstance délicate elle le trouverait, comme toujours, disposé à tout ce qu’elle ordonnerait.

Fort embarrassé, ne sachant comme se tirer de ce véritable guet-apens, Paul Meyrin gardait le silence. Il sentait bien qu’il avait affaire à une femme qui ne cèderait pas.

— Voyons, reprit sèchement l’ancienne actrice du théâtre Michel, partirez-vous, oui ou non ?

— Je partirai, répondit le peintre en s’inclinant.

— Ce soir même ?

— Vous le laisserez bien vingt-quatre heures de répit ; je vous promet de partir demain matin.

— Non, il faut que vous vous éloigniez aujourd’hui même, avant le retour de mon gendre. Vous avez au château des chevaux et une voiture à votre disposition