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Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/53

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À cette nouvelle si complètement inattendue, la générale faillit trahir son indignation et sa colère. Elle se contint heureusement, mais pour courir chez sa fille.

Elle la trouva disposant tout pour son départ, et du premier coup d’œil sur les malles que faisaient les femmes de chambre, elle comprit qu’il ne s’agissait pas d’une absence de courte durée.

— Ainsi, lui dit-elle, après l’avoir entraînée dans un salon voisin de la pièce où elle l’avait trouvée, tu vas à Paris ! Pourquoi ne m’as-tu pas parlé de ce voyage ?

— Je ne partirai que demain ; je me réservais d’aller vous dire adieu ce soir.

— Et ce voyage est motivé par des raisons de santé ?

— Absolument !

— Tu penses bien que je ne te crois pas.

— Alors il est inutile de me questionner, puisque, si ce que vous supposez était vrai, je ne pourrais ni ne devrais vous l’avouer.

Ce que la princesse ne voulait ni ne pouvait dire à sa mère, c’est qu’elle était enceinte des œuvres de Paul Meyrin, et que cette situation, aussi bien et plus encore même que son amour, lui commandait de s’éloigner sans retard.

— Penses-tu donc que ton mari ignorera toujours ce qui se passe ? reprit Mme Podoï après un court instant de silence.

— Je ne sais pas ce que vous voulez dire ! fit Lise, en haussant les épaules.

— Si je prévenais le prince !

— Le prévenir ! De quoi ? Il est trop tard ou il est trop tôt. Si c’est trop tard, rien ne m’empêchera de poursuivre mon but, et ce sera alors une rupture bruyante entre Pierre et moi, cela grâce à vous ! Si, au contraire, il est trop tôt, vous ferez inutilement une vilaine action, car le prince a la plus entière confiance en moi ; il ne vous croira pas et je partirai quand même. Tenez, mère, je vous conseille de ne pas vous mêler ainsi de ma conduite. Je suis mariée, c’est-à-dire que je n’ai à rendre compte de mes actes qu’à mon mari. Lorsque ce jour-là viendra