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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/109

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Cette existence tourmentait bien un peu le colonel mais son orgueil flatté imposait silence à ses terreurs conjugales. D’ailleurs la conduite de sa femme demeurait irréprochable, selon même les plus médisants.

C’était un murmure d’admiration lorsque les deux sœurs arrivaient ensemble à la Comédie française, à l’Opéra ou dans les salons qui s’étaient aussitôt ouverts à leur haute situation et à leur beauté, et ces succès faisaient vivement regretter à Rhéa de ne pas habiter Paris tout à fait, de n’y passer que comme un météore, au lieu d’en être une des plus brillantes étoiles.

Lorsqu’elle était rentrée à Vermel, elle prenait volontiers Plemen pour confident. Elle lui disait alors, avec un de ces sourires irrésistibles qui étaient un de ses plus grands charmes :

— De même que les docteurs ordonnent à leurs clientes les mieux portantes toutes les stations balnéaires où elles ont envie de se rendre, ils devraient aussi découvrir une maladie pour la guérison de laquelle le séjour de Paris serait indispensable.

Et le galant praticien s’empressait de répondre en conservant dans la sienne, plus longtemps qu’il n’était nécessaire pour lui tâter le pouls, la petite main de la troublante jeune femme :

— Le fait est que la province est indigne de vous. Si j’avais le bonheur d’être votre mari, il y a longtemps que vous ne vivriez plus ici, dans ce