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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/119

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Plemen, au contraire, venait rarement à la campagne, malgré les invitations incessantes et pressantes de Raymond.

Il prétextait, pour rester chez lui, du temps qu’il était forcé de consacrer à un rapport sur les anesthésiques, qu’il destinait à l’Académie de médecine et sur lequel il comptait pour faire un pas de plus vers l’illustre Société. Car le savant docteur n’ambitionnait pas moins d’être un des célèbres dans sa profession que de devenir un homme politique, et quand il apparaissait chez son ami, c’était le plus souvent pour critiquer ce qui s’y passait, si gracieuses que se montrassent envers lui Rhéa et sa sœur. Ensuite il rentrait en ville, plus sombre encore qu’il n’en était parti.

Deblain, qui avait conservé pour Erik la même amitié qu’autrefois, ne comprenait rien à ces changements de caractère dont il était bien forcé de s’apercevoir ; mais, à cent lieues de supposer qu’il fût amoureux de sa femme, il croyait qu’il lui en voulait de s’être affranchi de sa domination pour se courber sous une autre, qu’il s’ennuyait de vivre seul et détestait l’existence plus sérieuse qu’il était obligé de mener, n’ayant plus le compagnon de plaisir, le complice de jadis, avec qui il oubliait si volontiers à la Malle et surtout à Paris sa gravité professionnelle.

Le brave cœur se trompait, nous le savons.

Ce qui assombrissait le docteur, c’était sa pas-