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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/126

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fût de peur, car elle gardait le silence et tentait d’échapper à son étreinte.

— Pour qu’un homme tel que moi, reprit-il, en arrive à un semblable aveu avec une femme telle que vous, ne comprenez-vous pas qu’il faut que son amour soit plus fort que sa volonté ? Avant votre présence à Vermel, je n’avais vécu que pour le travail et l’ambition. Ah ! j’étais loin de me douter qu’un sentiment aussi puissant que celui que vous m’inspirez pût jamais s’emparer de tout mon être. Moi, le chercheur infatigable, le savant, comme vous m’appelez le sceptique, l’invulnérable, ainsi que je me croyais être, j’aime, j’aime à en perdre la raison. Et j’aime une femme dont le corps appartient à un maître et le cœur à un autre que moi

— Ah ! cela n’est pas, je vous le jure, répondit-elle enfin, en recouvrant sa liberté par un brusque mouvement en arrière.

— Si M. Barthey n’est pas votre amant, il est donc celui de votre sœur, fit brutalement Erik.

Mme Deblain jeta un cri d’horreur et, revenant à Plemen, lui prit elle-même les mains, en lui demandant, avec un accent rempli d’épouvante :

— Qui ose dire cela ? Vous ? Oh ! non, n’est-ce pas, vous ne le croyez point ? Vous n’avez jamais entendu accuser Jenny ? Vous ne pensez donc pas au danger que lui ferait courir une pareille calomnie, si elle se répandait ! Mais son mari la tuerait