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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/134

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vers lui qu’elle songeât à manquer à la foi jurée ; seulement, elle éprouvait une certaine fierté de cette passion qu’elle avait fait naître, et elle ne pouvait s’empêcher de comparer son mari, bourgeois un peu commun, à cette espèce de docteur Faust qui, pour elle, redescendait sur la terre et avec lequel, s’il avait été son époux, elle aurait eu toutes les satisfactions d’orgueil, sur un théâtre plus digne de sa beauté que cette ville de province où elle était condamnée à vivre.

Ces pensées ou plutôt ces sensations, car Mme Deblain ne raisonnait, pas ce qui se passait en elle, la conduisirent tout naturellement à éveiller l’ambition de Raymond, à lui suggérer l’idée de se présenter à la députation, tout à la fois pour l’élever en quelque sorte dans son estime et pour fuir, en allant habiter Paris, non pas le danger, elle n’y croyait point et par conséquent n’y arrêtait pas son esprit, mais tout simplement l’obsession qu’elle éprouvait parfois de cet amour de Plemen.

Mais lorsque la jeune femme aborda ce sujet, son mari s’écria, avec sa rondeur et sa bonne foi accoutumées :

— Parbleu cette idée m’est venue souvent, à moi aussi, depuis que je connais ta folle passion pour Paris, où, du reste, je ne serais pas fâché non plus de jouer un rôle. Malheureusement il n’y a qu’un siège à prendre ici, et il est réservé à