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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/169

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mencement de l’été et n’ayant pas d’ailleurs le feu sacré, sentit son ambition s’amoindrir.

Pour répondre au citoyen Rabul qui, en attendant les réunions publiques, multipliait les réunions privées, il lui fallait étudier préalablement sa leçon avec le docteur, et comme, sans être un sot, il n’était qu’un orateur médiocre, ses discours ne portaient pas toujours heureusement. Il le voyait bien et, ces jours-là, il rentrait chez lui harassé, prêt à envoyer la politique à tous les diables.

Il est vrai que Plemen prenait souvent la parole et que son éloquence entraînante, son ardeur, sa conviction, enlevaient son auditoire ; mais au lieu d’avancer les affaires de Raymond, ces succès de son ami lui nuisaient en quelque sorte, au contraire, car il en résultait qu’on faisait entre eux un parallèle, tout à l’avantage du médecin.

De son côté, Rhéa n’épargnait rien. Pendant que son infortuné mari préparait quelque allocution sur l’économie politique, le libre-échange, les emprunts départementaux, les voies de grande communication, les moyens d’équilibrer le budget et de venir en aide aux classes pauvres, toutes choses dont il avait bien entendu parler, mais qu’il ne comprenait que sommairement, Mme Deblain, escortée de Félix Barthey, venu tout exprès à Vermel, courait les faubourgs, visitait les ménages d’ouvriers, vidait sa bourse dans les taudis, em-