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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/185

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Rhéa étendit la main vers lui.

Après avoir hésité quelques secondes, il s’avança brusquement, répondit à son étreinte, s’accouda sur le chevet du lit, y demeura quelques instants, ses yeux semblant ne pouvoir se détacher du défunt, puis tout à coup il se redressa et, saisissant sa tête à deux mains, comme pour y retenir la raison prête à s’en échapper, il poussa un cri guttural et s’enfuit.

— Ah ! il l’aimait bien ! gémit l’Américaine en retombant à genoux.

Quarante-huit heures plus tard, deux mille personnes accompagnaient M. Deblain à sa dernière demeure, et ces obsèques d’un homme riche, honoré, heureux, mort subitement dans la force de l’âge, causèrent une émotion d’autant plus vive que, sur tout le parcours du convoi, les grandes affiches posées en vue de sa candidature rappelaient son nom et semblaient dire, par une ironie amère, combien chacun ici-bas a peu droit de compter sur le lendemain.

Tout naturellement cette disparition du candidat conservateur réveilla le courage des radicaux, surtout lorsqu’ils surent que le docteur Plemen, sollicité par ses amis, avait repoussé avec une sorte d’horreur l’idée de remplacer celui pour qui il s’était effacé.

Ceux que la politique n’aveuglait pas approuvèrent cette délicatesse de l’éminent praticien que