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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/233

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Elle était en présence de celui qui tenait son sort entre ses mains.

Renversé dans son fauteuil, les jambes croisées, roulant entre ses gros doigts, aux ongles en deuil, sa chaîne de montre, la physionomie railleuse, le magistrat daigna saluer à peine, légèrerement, de la tête, en disant à cette femme chez laquelle il était allé en visiteur, qu’il avait vue entourée d’hommages :

— Vous pouvez vous asseoir. Ôtez votre voile.

Rhéa obéit et prit un siège. Le dégoût et la colère lui soulevaient le cœur. Elle pressentait que cet homme n’était pas seulement un juge mais encore un ennemi.

Sa prisonnière assise et le visage découvert, M. Babou la fixa pendant quelques secondes, comme pour expérimenter sur elle la toute-puissance de son regard mauvais et faux ; mais, la jeune femme ne se troublant pas, il se décida à lui demander :

— Votre nom, vos prénoms, votre âge ?

— Je suis née à Philadelphie et j’ai vingt-deux ans, répondit-elle sèchement. Quant à mon nom, vous ne pouvez l’ignorer puisque vous m’avez fait arrêter. J’ai hâte de savoir pour quels motifs.

— Vous êtes ici pour me répondre et non pour m’interroger. Je vous préviens que mon greffier transcrit textuellement vos moindres paroles.

— Je m’appelle Marie-Rhéa Panton.