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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/328

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pérant la révolte des fauves, ou dans les cirques, guettant la chute des acrobates ?

Pour ces blasés, avides d’émotions violentes, il n’y a, dans les débats des causes criminelles, ni exemple ni haute leçon de moralité, mais seulement, entre l’accusé qui se défend et l’accusateur qui accable, une lutte dont l’honneur et la tête sont le prix. Ils se soucient aussi peu de l’éloquence du ministère public que de celle des avocats. Ce qui seulement les intéresse et les émeut, ce sont les côtés dramatiques ou scandaleux de l’affaire.

Et ces femmes du monde qui sont là, pêle-mêle avec des filles — car si tel magistrat a donné une place à Mme la comtesse de X… tel autre a fait entrer sa maîtresse — cette promiscuité ne les froisse pas, cette atmosphère lourde et viciée ne les étouffe point.

Élégantes, quelques-unes en noir, comme si, par avance, elles portaient le deuil de l’accusé — il y a des toilettes d’audience, comme il y a des toilettes de bal, de dîner et d’académie — grignotant des friandises et respirant des sels, jouant de l’éventail, les larmes aux yeux ou les lèvres souriantes, selon les phases des débats ; névrosées, hypnotisées par leur curiosité malsaine, les plus délicates, les plus honnêtes supportent tout sans rougir les voisinages honteux, les détails grossiers, parfois obscènes des rapports médico-légaux, les réponses ordurières ou cyniques des accusés,