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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/343

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elle se redressa et, d’un pas ferme, franchit le seuil maudit.

Mais, arrivée d’un élan au milieu de la loge, frappée au visage par les rayons du soleil, qui venait de percer les nuages, comme pour saluer ironiquement son entrée au banc d’infamie et la mettre en pleine lumière, à la vue de cette barrière de chêne qui la séparait de cet espace, gouffre où s’agitait la foule, monstre à mille têtes, dont les yeux la dévoraient, le sang lui afflua au cœur, elle porta les mains à son visage comme pour en arracher le voile qui obscurcissait sa vue et elle s’affaissa lourdement, au hasard, sur l’un des sièges qui se trouvaient là.

Ce fut dans tout l’auditoire un mouvement de pitié, à l’apparition de cette veuve en grand deuil du mari dont on la disait l’empoisonneuse, puis les cris répétés de : « Assis ! assis ! » s’adressant à quelques femmes, Mmes Lachaussée et Babou entre autres. Pour mieux voir la pauvre Rhéa, elles s’étaient levées.

Du banc des avocats, où il venait de prendre place à côté de Mes Langerol et Leblanc, William Witson s’élança contre la balustrade sur laquelle Mme Deblain demeurait appuyée.

Il lui dit quelques mots à demi-voix, lui fit respirer des sels, et l’Américaine releva bientôt la tête, pour ne plus offrir à la curiosité publique qu’une physionomie où on pouvait lire, il est vrai,