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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/387

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Paris, je suis arrivé jusqu’à la porte de la chambre de sa femme, mais je n’ai point osé en franchir le seuil. Ah ! j’aurais mieux fait d’aller jusqu’au bout ! Ou j’aurais été le plus fort et elle m’eût appartenu ou j’aurais été chassé comme un laquais, comme un lâche, mais je ne serais pas devenu un assassin ! Vous savez bien que l’empoisonneur, c’est moi !

— Je le savais, répondit Maxwell, qui, malgré toute sa force de volonté, ne pouvait dissimuler complètement l’émotion que lui causait cet étrange récit, débité par Plemen avec un accent de douleur et de passion impossible à rendre.

— Eh bien ! maintenant, car il faut que vous n’ignoriez rien, reprit le docteur, laissez-moi vous dire comment cela s’est passé. Peut-être trouverez-vous quelques circonstances atténuantes à mon crime.

L’étranger inclina la tête.

— Je viens de vous dire que j’aimais à la folie cette femme, à laquelle j’avais sacrifié mon ambition politique, cette charmeresse que, par moments, je devais croire prête à tomber dans mes bras et qui m’échappait toujours, sans cesser, hélas ! de m’enivrer de ses coquetteries, de ses regards où je voulais lire ses regrets de ne pas se donner, de ses serrements de mains et de ses sourires que je traduisais en promesses d’abandon. Pour mon cœur enfiévré, pour mon cerveau que la raison