Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/425

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triote ; il était tout entier de nouveau à ces douleurs intimes, à ce passé mystérieux, qui le condamnaient depuis déjà tant d’années à une existence étrange et l’avaient fait, tour à tour, en France et en Amérique, l’auxiliaire ou l’adversaire de la justice, soit qu’elle ne pût trouver un coupable, soit qu’elle poursuivit un innocent.

Pendant de longs instants, il demeura immobile, plongé dans ses tristes pensées ; puis, soudain, comme si son esprit jusqu’alors indécis eût adopté définitivement un parti, il s’écria :

— Enfin, j’ai tenu mon serment et fait mon devoir. Maintenant, à la grâce de Dieu ! Ce soir même, elle saura tout ; demain, je serai le plus misérable ou le plus heureux des hommes.

Le soir même, Witson arrivait a Paris, où, prévenue par dépêche, sa pupille l’attendait impatiemment, depuis surtout qu’elle connaissait le dénouement de ce drame judiciaire auquel il avait été mêlé.

En entendant la voiture qui ramenait son ami s’arrêter devant la grille de l’hôtel, miss Jane s’élança à travers le jardin, et l’Américain ne franchit le seuil de sa porte que pour recevoir l’adorable enfant dans ses bras.

— Vous, vous enfin ! lui répétait-elle en l’entraînant vers le perron. En est-ce bien fini cette fois avec ces excursions qui me laissent seule et m’épouvantent ? Jamais votre absence ne m’a été aussi