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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/441

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tées du Havre et de larguer ses remorques pour gagner le large.

C’étaient master Panton, ses deux filles, le révérend Jonathan, Félix Barthey, Stephan Maxwell et miss Jane. Ils s’en allaient tous en Amérique.

Le gros Elias avait retrouvé son teint fleuri et sa gaieté d’autrefois ; le clergyman, toujours aussi maigre et aussi blême, levait à chaque instant les yeux au ciel, comme pour le remercier de lui permettre de quitter enfin un pays de mécréants, où il n’avait pu convertir personne aux doctrines de Swedenborg ; Rhéa, accoudée sur la lisse, semblait jeter au contraire un regard de regret sur les côtes de France, où cependant elle avait tant souffert, et Barthey était tout entier à Jenny, qui s’appuyait affectueusement sur son bras, de même que miss Jane se suspendait à celui de Maxwell.

Le docteur américain et sa fille adoptive, qui devait bientôt devenir sa femme, n’étaient arrivés à bord qu’à la dernière heure, mais on pense avec quelle joie les avaient accueillis ceux qui lui devaient tant.

Les phares de la Hève disparurent rapidement à l’horizon. Chacun songea alors à s’installer à bord de son mieux, et Panton, en Yankee pratique, que la poésie de la mer ne faisait point rêver, descendit, en compagnie de Jonathan, pour s’assurer qu’il serait confortablement dans sa cabine.