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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/46

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rouges, bleues, vertes qui s’amoncelaient dans sa chambre, et dont il trouvait chaque soir un nouvel exemplaire sous son oreiller, grâce à la ténacité du révérend Jonathan, qui parfois l’arrêtait au passage, pour lui dire d’un ton prophétique : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; Malheur à l’homme par qui lz scandale arrive ; ou bien : C’est par la prière qu’on chasse le démon ; ou encore : Quittez le chemin du vice pour prendre celui de la vertu ; maximes bibliques que M. Deblain trouvait sans doute fort respectables, mais dont le débit monotone et trop souvent répété lui faisait comparer, dans ses accès de gaieté, le long clergyman à l’un de ces hommes-sandwichs qui s’en vont, dans les quartiers les plus mal famés de Londres, cuirassés devant et derrière de larges pancartes, exhortant les pécheurs et pécheresses au repentir.

Aussi l’impitoyable Thompson s’épuisait-il en d’inutiles tentatives, et cela tout simplement parce que l’hôte de son beau-frère ne songeait le plus souvent qu’au dernier shake-hands ou au dernier sourire de la plus jeune des héritières du gros Elias.

Car il était arrivé fatalement que, malgré son expérience et ses quarante ans, notre héros se sentait fort entraîné vers miss Rhéa, non pas qu’il en fût passionnément amoureux, mais il la trouvait amusante et prenait un vrai plaisir de vieux garçon,